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Les écotones
Le musée des petits oiseaux
Commissariat par Florian Houssais et le collège des oiseaux
Présentation
Les écotones, le musée des petits oiseaux est une exposition collective proposée par Florian Houssais, accompagné de son équipe (Hannah Brun et le Collège des oiseaux). Cette exposition est ce qu’on appelle une exposition d’artiste, c’est-à-dire une exposition où un artiste prend la place de commissaire d’exposition ou de conservateur de musée pour interroger les façons d’exposer. Le travail de Florian Houssais et son équipe, qui prend ses sources dans la critique institutionnelle de l’art, est en creux une critique de l’exposition, sous forme de proposition muséographique.
Habituellement, les expositions collectives sont construites et présentées autour d’un thème central, qui constitue le fil conducteur permettant de « relier » les œuvres entre elles. Elles sont également construites selon un certain nombre de conventions muséographiques et discursives.
Pour Les écotones, les commissaires ont voulu remettre en question ces conventions d’exposition, en expérimentant d’autres manières de sélectionner et de montrer les œuvres et autres artefacts, en montrant des choses qui ne sont pas souvent montrées et en l’expliquant dans un discours sous certains abords inhabituel. La « structure » de l’exposition (la muséographie) est donc autant le sujet de l’exposition que son « contenu » (la sélection). On peut dire que, dans sa conception et son fonctionnement, Les écotones est en quelque sorte un prototype d’exposition.
Les écotones, le musée des petits oiseaux, est une exposition qui peut dérouter, d’abord parce qu’elle n’a pas de thème central qui viendrait relier les œuvres entres elles. On pourrait dire qu’elle est athématique. On verra apparaître des motifs récurrents, mais rien qui puisse constituer un fil conducteur ou une porte d’entrée sur l’exposition. Pour Florian Houssais et son équipe, construire une exposition autour d’un thème est avant tout une manière de classer (de manière souvent simpliste) et de légitimer la sélection d’œuvres.
De cette exposition, on peut retenir quatre aspects majeurs liés aux choix muséographiques et à la sélection :
- La mise en place d’une salle d’étude, où il est possible d’accéder à une sélection de pièces et de documents un à un, pour une expérience des œuvres plus intimiste et soutenue, un peu comme dans une bibliothèque.
- La mise en place d’un mur de ré-accrochage, où les usagers peuvent, au cours de séance de travail, individuelle ou collective, proposer et mettre en place un nouvel accrochage.
- La sélection, où on trouvera des objets et des phénomènes qui ne sont pas forcément artistiques, des auteurs qui ne sont pas toujours des artistes, des pratiques artistiques qui s’inscrivent dans plusieurs mondes de l’art, et des phénomènes scientifiques.
- Au sein de la sélection, un focus est fait sur le travail de Louis Bec, artiste, poète et théoricien méconnu du grand public, qui a travaillé toute sa vie à développer une épistémologie fabulatoire, au sein de l’Institut Scientifique de Recherche Paranaturaliste qu’il dirigeait.
Pour résumer, Les écotones, le musée des petits oiseaux est une exposition qui interrogent les conventions muséographiques : des principes d’accrochage, à la manière de sélectionner les œuvres, en passant par les raisons pour lesquelles les visiteurs vont voir une exposition.
Artistes, chercheurs et projets présentés :
Antoni Abad, Frédérique Aït-Touati, Jean Amado, Jean-Luc André, Benjamin Arnault, Maxime Aumon, Aurélien Bambagioni, Louis Bec, Victor Burgin, Cairn, Marion Delarue, Marc Deneyer, Programme EMA, ENDA, Gallica, Paul-Armand Gette, Gérard Hauray, Florian Houssais et Camille Riverti, Manuel Houssais, Monique Hervo, Xavier Lambours, Rainier Lericolais, Bastien Massé, Hugues Micol, Aurélien Mole, Olats, Ubuweb, Paul Valéry, Marc Vaux
26. 05. 2021
04. 07. 2021
Affiche de l’exposition
Crédit photo : Franck Têtu
Vidéo de présentation de l’exposition par Florian Houssais
La salle d’étude
L’exposition Les écotones, le musée des petits oiseaux se répartit sur deux espaces, la grande salle habituelle, et une salle d’étude mise en place pour l’occasion. Il y est possible de travailler et de consulter une sélection de pièces et de documents un à un, pour une expérience des œuvres plus intimiste et soutenue, pendant toute la durée de l’exposition.
La salle d’étude est ouverte durant les horaires d’ouverture de l’exposition, du mardi au vendredi de 10 h à 12 h et de 14 h à 18 h ainsi que le dimanche de 14h à 18 h. Afin de pouvoir y travailler dans les meilleures conditions, il est préférable de nous prévenir de votre venue au 05 49 43 62 59 ou à contact@rurart.org.
Textes consultables en ligne
Il n’est pas courant, voire rare, qu’un centre d’art expose des textes. Il y a bien des exceptions comme les énoncés d’art conceptuel et plus généralement les publications d’artistes, mais dans l’ensemble, le texte n’est pas un support typique pour les productions artistiques. Et l’espace d’exposition est plutôt inadapté à sa monstration et à sa lecture. Le musée de science, même s’il n’est pas non plus (dans son dispositif), très adapté au texte et surtout à la lecture, n’en reste pas moins plus coutumier des textes, comme témoignage et archive, en particulier dans leur matérialité. Des affiches de la guerre, aux carnets et autres manuscrits de personnalités, en passant par toutes formes de documents administratifs, de cartes, de schémas, ou de supports d’écritures rares et historiques (pierres gravées, rouleaux, incunables, etc.). On trouve même, par exemple, un musée de la littérature à Bruxelles (Les archives et Musée de la Littérature (l’AML)).
Le lieu d’exposition des textes (si l’on peut dire et on voit bien que le terme est un peu contre-intuitif, tant l’exposition appelle l’objet et l’image au sens large, plate, en volume, fixe ou en mouvement), les lieux typiques d’exposition des textes donc, tout le monde le sait, c’est la bibliothèque (publique ou personnelle), la librairie, le livre et, suivant comment on envisage le texte, la parole. Nous avons voulu exposer des textes, à la fois pour interroger le dispositif d’exposition de l’art contemporain et pour l’ouvrir à d’autres formats et usages. C’est entre autres pour cette raison qu’il nous fallu mettre en place une salle d’étude, comme lieu approprié au travail, à une relation plus intimiste aux œuvres, et à la lecture de textes.
Notre sélection de textes mêle différents genres : du témoignage littéraire (Monique Hervo), aux livres d’artiste (Aurélien Bambagioni et Maxime Aumon), en passant par des textes scientifiques (Bastien Massé, Paul Valéry, Benjamin Arnault, Manuel Houssais et Frédérique Aït-Touati), un énoncé d’art conceptuel (Victor Burgin) et les archives Louis Bec et de l’Institut Scientifique de Recherche Paranaturaliste. Notons que si nous avions classé par livre et non par texte, nous aurions aussi pu ajouter à cette liste la bande dessinée muette 3 d’Hugues Micol, qui fait également partie de notre sélection pour la salle d’étude.
Vidéos
Cette sélection de vidéos réunit des documents vidéo et des vidéos documentaires de différentes natures. On y trouve un plan séquence d’une séance d’entraînement de Kite (Centipède) et de course automobile (La reine Margot), l’enregistrement d’une conférence (Conférence sur Louis Bec et l’épistémologie fabulatoire), la documentation d’une action qui est à la fois une performance et une expérience scientifique (Test du miroir libre), la bande annonce d’un documentaire d’auteur sur l’enseignement de la création dans les écoles d’art (Contribution à la critique d’art. Une approche interactionnelle), deux documentaires au format « télévisuel » sur le travail de Gérard Hauray et Claude Figureau (La question du paysage et Les paysages de Gérard Hauray), un documentaire d’auteur sur le travail de l’artiste Marion Delarue (De la tête à l’épaule), et un second sur le travail du jeune philosophe Bastien Massé (L’investissement dans les capitalismes. Une philosophie de l’économie).
Centipède, Aurélien Bambagioni, artiste, 2017 – 5 min.
Également dans l’univers du sport, ce plan séquence est une captation d’une séance d’entrainement de Kite (cerf-volant) de Carl Robertshaw et son équipe.
La reine Margot, Aurélien Bambagioni, artiste, 2011 – 21 min.
Comme la plupart des vidéos d’Aurélien Bambagioni, La reine Margot est un plan séquence. Ici, il s’agit d’une captation dans le cockpit de la voiture électrique de Margot Laffite, fille du célèbre pilote automobile français et surtout pilote elle-même. Cette vidéo s’inscrit dans la série de travaux d’Aurélien Bambagioni sur l’univers de la course automobile.
De la tête à l’épaule, Oscar et Ariane, artistes, 2019 – 27,23 min.
L’objet de cette vidéo est d’écouter Marion Delarue, nous raconter a posteriori et par l’exemple, la fabrication des pièces d’une de ses séries, les Parrot devotees. Ce documentaire est organisé autour de deux plans séquences de conversation entre l’artiste et Florian Houssais. La première, en novembre 2018 et la seconde, en octobre 2019. La pièce dont elle nous parle dans la première séquence, est à l’époque, sa dernière série. Ce travail documentaire s’inscrit dans une réflexion plus large autour de l’exposition, de l’activité de création, initié dans le cadre du centre d’art le Passager. Sans être à proprement parler un travail anthropologique ou sociologique, il cohabite malgré tout dans cet imaginaire, plus précisément dans la lignée de l’anthropologie visuelle. Là où, dans des films ultérieurs, l’accent a été mis sur l’observation du déroulement de l’activité en lui-même, il s’agit ici, de mettre en avant la réflexivité par le discours et le commentaire produit a posteriori.
Les paysages de Gérard Hauray – 5’39 (2008). Gérard Hauray (artiste) et Claude Figureau (botaniste et phytosociologue).
Dans cette vidéo, Gérard Hauray et Claude Figureau présentent le dispositif de captation des paysages, sur lequel ils ont travaillé en binôme. Il s’agit d’un court documentaire pour le web, réalisé par Anaïs Joseph dans le cadre de la Banque des savoirs. La Banque des savoirs, créée par le Conseil général de l’Essonne, est un site de vulgarisation scientifique et technique pour le grand public ouvert en 2004. Il a pour vocation de rendre les savoirs accessibles à tous grâce au soutien d’experts reconnus, de faire découvrir la recherche scientifique et ses métiers, de valoriser les actions de culture scientifique et technique et de favoriser le débat sur des questions scientifiques et éthiques.
Conférence sur Louis Bec et l’épistémologie fabulatoire, Florian Houssais, artiste, doctorant, 2014 – 22,33 min.
« Je vais vous parler aujourd’hui d’épistémologie fabulatoire. L’épistémologie fabulatoire est une discipline développée par Louis Bec, artiste, poète et théoricien né à Alger en 1936 et vivant à Sorgues. C’est une discipline dont on lui revendique la parenté. Depuis une quarantaine d’années il écrit des textes, réalise des travaux sur papier (dessins, collage, schémas, croquis, etc.), images de synthèse et quelques rares installations. L’ensemble de ces artefacts est réalisé au sein de l’Institut Scientifique de Recherche Paranaturaliste qu’il a fondé en 1972, à Cabrières d’Aigues, un petit village près d’Aix en Provence dans le Luberon, dont il est le seul président et le seul zoosystémicien. Depuis plus de 40 ans, Louis Bec réalise des descriptions et des classifications détaillées d’organismes vivants qui n’existent pas. À partir de ce qu’on pourrait appeler une expérience de pensée, en l’occurrence celle du seul zoosystémicien sur Terre, on se posera les questions suivantes : comment est-ce qu’on construit une invention qui se veut scientifique ? Comment ce qui qui n’existe pas peut devenir existant ? » Florian Houssais
L’investissement dans les capitalismes. Une philosophie de l’économie, Florian Houssais, artiste, doctorant, et Bastien Massé, doctorant, 2021 – 24,20 min.
L’investissement dans les capitalismes. Une philosophie de l’économie, Florian Houssais, artiste, doctorant, et Bastien Massé, doctorant, 2021 – 24,20 min.
Cette vidéo est en quelque sorte une version oralisée et filmique du texte éponyme écrit par Bastien Massé. Pendant une vingtaine de minutes, le philosophe résume son texte dans un montage qui mêle le moment de l’énonciation (Bastien Massé en train de parler), des plans de la ville de Richelieu et divers tableaux et objets de la période du mercantilisme (issus des collections du Louvre), qui mettent en scène des non-humains. La ville de Richelieu, construite sous les ordres du cardinal de Richelieu, étant un témoignage important du mercantilisme français ; tandis que les non-humains occupent une place centrale dans la pensée de l’investissement développée par Bastien Massé.
Sites Internet
Un site internet n’est pas non plus un objet évident à exposer, pour deux raisons : parce qu’il n’est pas rare (c’est le principe même d’un site internet que d’être accessible partout où une connexion est possible), qu’il exige une médiation technique particulière en plus de la salle d’exposition (un ordinateur, un téléphone ou une tablette), et parce que, comme pour un texte/livre, un film, un jeu vidéo ou une action, il exige une certaine durée d’attention, il exige qu’on prenne le temps d’y entrer, sans quoi il se donne peu. Toutes ces raisons faisant, les sites internet sont des phénomènes peu exposés dans les lieux d’exposition, et de fait sous représentés dans les institutions artistiques.
Nous avons voulu exposer cette sélection de sites de plusieurs manières : (i) à partir d’une liste présente dans la salle d’exposition et sur le plan de salle, en laissant aux usagers, le soin d’y aller quand bon leurs sembles. C’est l’approche endémique, les sites sont accessibles partout où une connexion est possible. Evidemment, cette approche contrevient particulièrement à l’idéologie du musée et du centre d’art comme sanctuaire. (ii) À partir d’une page dédiée sur le site de Rurart et du passager, avec un court descriptif et les liens vers les sites. Peut-être la meilleure solution. Le centre d’art porte le regard vers ses sites, tout en respectant leur valeur de site internet accessible depuis n’importe quel endroit et à n’importe quel moment. (iii) Et enfin, à partir d’un ordinateur présent dans la salle d’étude, afin de permettre une expérience synchronique de l’ensemble de la sélection de l’exposition. On peut tout de suite, pendant la visite ou la séance de travail, accéder à ces sites internet dans de bonnes conditions. Notons que cette dernière option permet également de permettre l’accès à ces sites à des personnes n’ayant pas accès à des ordinateurs ou une connexion inernet.
Venons-en à la sélection. Elle est composée de sites d’artistes, de sites d’institutions et de sites d’institutions plus ou moins fictionnelles montées par des artistes. Nous avons également voulu mettre en avant des sites dont l’archivage et le savoir sont une part importante.
Gallica
bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France