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Qui nous a donné l’éponge pour effacer l’horizon ? Chapitre 2
Une exposition de Barbara Kairo et Ladislas Combeuil
Cette exposition fait suite à celle présentée à L’ÉCOLE – Centre d’art contemporain (Bellevigne, Charente) du 14 mai au 26 juin 2022. Un projet co-produit avec l’association CHABRAM² et lauréat de l’appel à projets Coopérations, création et territoire 2021, du contrat de filière Arts plastiques et visuels de Nouvelle-Aquitaine (État, Région, ASTRE).
Chapitre 2, exposition à RURART
Après un première épisode au centre d’art L’ÉCOLE, Barbara et Ladislas façonnent à Rurart un nouvel univers où le feu remplace l’eau. Les éléments et les formes propres à l’habitat fusionnent et un jeu de renversement s’opère. Le plancher devient toiture. Les tapis se retrouvent au mur comme un papier peint. Par l’extraction, la copie, le moulage et la captation des surfaces, Barbara et Ladislas utilisent les matières de l’environnement immédiat, ils les détournent de leurs usages communs pour nous inviter dans une autre réalité, un paysage onirique qui s’active par la présence du visiteur. Des ombres portées sur les Parcelles aux déplacements qui font onduler les Cabanes suspendus, la figure vivante du visiteur finit d’habiter l’installation.
Un paysage artificiel façonné par la captation d’empreintes, d’impressions et de moulages
Un village flottant : Les Cabanes
Ladislas Combeuil : Comme des archéologues qui étudient les objets d’un quotidien passé et comme des constructeurs de cabanes, nous travaillons à jeter un regard aiguisé sur nos objets domestiques. Le fait d’en capter une empreinte ou d’en faire un moulage permet d’en extraire la poétique pour la mettre en avant. Ainsi, notre démarche artistique contribue à porter un regard différent sur le monde qui nous entoure.
Barbara Kairos : En archéologie, après la découverte, il y a l’étude de l’objet ou de l’élément découvert. Souvent ce sont des restes, des éléments du quotidien qui possèdent la plus grande capacité à livrer une lecture et qui permettent de mener l’enquête pour essayer de comprendre. Le temps, l’oubli, l’enfouissement donnent à ces objets une réelle capacité narrative et imaginative.
LC. Le sol en plâtre du premier chapitre de l’exposition est réinterprété dans ce second projet. Nous souhaitions réemployer la technique de moulage pour présenter à RURART l’image et l’objet d’un sol sous une autre forme. Il prend hauteur et souplesse pour suggérer des toitures. Évocation de cabanes, dont la forme conceptuelle réunit les notions d’extérieur et d’intérieur sollicitées dès la première exposition.
BK. Afin de capter les veines du bois, nous brûlons la surface d’un plancher qui vient s’imprimer de façon nette et définitive dans l’élastomère. Le sol devient toiture, paradoxalement souple, comme une toile tendue pour suggérer un abri éphémère.
LC. Bien qu’il soit souvent précaire, l’espace qu’offre la cabane est transitionnel, par la combinaison de la nature de ses matériaux, mais aussi d’un point de vue psychologique. Comme un refuge, il donne la place pour contempler calmement et sereinement le dehors comme son intériorité propre. Il cultive l’imaginaire. Ainsi, la cabane offre la possibilité de rester sur place à l’abri tout en s’évadant.
BK. Comme de simples draps tendus pour suggérer des toitures, les Cabanes présentées à RURART parlent de ce lieu physique et psychologique. L’aspect solide des planches de bois est trompeur, nous n’en voyons que l’empreinte. Elles flottent dans l’espace, comme des voiles de radeaux invitant au voyage.
(Propos recueillis par Pauline Lisowski)
Ce texte est extrait du hors-série des Cahiers de CHABRAM2 – Rurart Éditions.
Cette édition retrace la genèse du projet, le premier chapitre exposition/résidence au centre d’art L’ÉCOLE, pour finir sur l’exposition à Rurart.
Prix de vente de l’édition : 15 euros (renseignements et réservation à contact.chabram@gmail.com)